Il me dit "Je suis cosmonaute,
Ca vend du rêve aux gars de comptoir."
Alors, j'acquiesce, c'est pas ma faute,
Si cet homme m'a semblé bizarre.
"Petit, j'avais promis à une fille la lune.
Tu vois ? Je tiens quand je jure.
Elle a fini par se faire la belle, ma brune,
Avec un vendeur de voiture.
Tu sais les étoiles sont toutes pareilles"
Qu'il me souffle d'un air triste.
Puis il me chante là, à l'oreille,
"Mais j'ai un secret, je suis pianiste".
"Tous les soirs, je m'fais des orgies.
De sons, de notes, de mélodies.
J'suis fait pour ça, c'est trop navrant,
j'aurais du m'être un peu plus franc.
Moi la lune j'en ai rien à faire.
Je lui plais pas, elle me laisse de glace.
Je préfère quitter l'atmosphère,
Faire de ses courbes ma carapace."
Il est beau mon cosmonaute.
A lui tout seul, c'est un jeu de piste.
Et je m'accroche, c'est pas ma faute.
J'aime son secret, j'aime le pianiste.
Dernier cul sec, pianotant sur le bar
Il cherche son La, intensément
Et en moi tout s'affole, se barre.
Je peux devenir son instrument.
Seulement, il est triste mon Beethoven.
Il a pas l'air qui veut s'marrer.
Le feu des notes ne brûle pas les peines.
Et son être vibre, désaccordé.